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Le blog de Frédéric Delorca

Articles récents

Le passé devenu ridicule

26 Août 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Ecrire pour qui pour quoi

Quand en 1968 Romain Gary au milieu des événements de mai et de leur ivresse spécifique (cf "Chien blanc") dans le Quartier latin, prend une bombe aérosol et écrit sur un mur des slogans de sa jeunesse des années 30 du genre "Libérez Teruel", il le fait sans état d'âme, sans honte. Aujourd'hui j'éprouve une gêne à témoigner des rêves et des réalités des années 1970 ou 80, comme si l'écoulement du temps avait rendu le passé ridicule. Pourquoi ? A cause de l'absolutisme du présent, de la dictature totalitaire de l'actualité ?

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Piété filiale

24 Août 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca

romans.jpgIl y a dans la Vie de Pompée de Plutarque une scène un peu ridicule pour le goût de notre époque, où Caton qui siège dans un tribunal où Pompée fait une plaidoirie illégale (qu'il ne pouvait faire en tant que consul). Caton se bouche les oreilles pendant tout le discours. Plutarque commente avec une sorte de tendresse "Caton était ainsi en toute circonstance". Cette pietas filiale est le moteur de la vie intellectuelle. Plutarque l'a éprouvée pour Caton, et les auteurs français qui écrivirent de la Renaissance au XIXe siècle l'épruvèrent pour Plutarque, et par ricochet pour Caton, comme d'autres aujourd'hui en éprouvent pour Bourdieu ou Chomsky.

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Syrie, Fabius, Pompée, Lucullus

23 Août 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Antiquité - Auteurs et personnalités

Un ami cet après-midi : "Alors ces massacres à l'arme chimique en Syrie : montage ou vrai crime ?" Moi : "Je penche pour un montage - y compris une attaque au gaz par des rebelles déguisée en agression par les armées loyalistes -, la propagande de guerre nous en fait de bien lourds depuis 20 ans. Mais il est vrai qu'il y a un petit doute, vu que les videos se multiplient. Si cela vient du camp d'Assad c'est une connerie - il se tire une balle dans le pied au moment où il reconquiert du terrain. Mais des conneries de ce genre on en a vu aussi, d'autant qu'après 2 ans de guerre civile Assad contrôle moins la société qu'avant la guerre. Ce peut être un délire d'un chef local, va savoir."

 

En tout cas j'ai été choqué de voir Fabius parler d'une possible action de l'Europe "même sans l'aval de l'ONU", ce qui est digne de George W Bush. Heureusement que personne ne prend Fabius au sérieux. Même l'opposition syrienne ne l'a pas cru.

 

Lundi soir la "Une" du Monde "L'indignation ne suffit pas". Des bombes, du sang, ils en veulent. Le Monde fait les mêmes "unes" depuis 20 ans à toutes les guerres.

 

Bon si vous vous ennuyez jetez un oeil à mon article sur l' "Erdogan roumain" sur le blog de l'Atlas alternatif.

 

Moi je lisais Plutarque ce soir. Il a des lignes émouvantes sur Julia, la fille de César, morte en couches à 29 ans en 54 av JC par amour pour son mari Pompée, qui avait pourtant plus de 50 ans (elle s'est évanouie quand la toge de son mari fut maculée de sang). L'histoire d'amour entre Julia et Pompée (le rival de césar pour la tyrannie à Rome) est très belle. Et l'on peut gager que son amour pour Pompée ne fut pas complètement aveugle (même si l'histoire aujourd'hui minimise la personnalité de cet homme). Pompée d'ailleurs juste après le triumvirat qui lui attribuait l'Afrique et les deux Espagnes négligea ses provinces et préféra rester à Rome où il inaugura son théâtre en organisant des combats de lions et d'éléphants qui marquèrent les esprits (n'oubliez pas que dix ans plus tard, c'est dans ce même théâtre que César allait mourir au pied de la statue de Pompée mort en 48). Il fit cela pour sa femme, Plutarque n'a pas le moindre doute là dessus (et ce genre de détail intéresse beaucoup Plutarque, qui fait de la philosophie à partir de l'histoire, ce que les historiens actuels lui reprochent, et ce que précisément j'aime en lui).

 

Les historiens n'aiment pas trop les histoires d'amour, qui empêchent l'Histoire et ses personnages de donner toute leur dimension. Pompée, à n'en pas douter, avait un côté un peu trop fleur bleue. Juste après avoir obtenu le consulat pour lui tout seul (déjà la quasi-dictature) pour défendre Rome contre César (prêt à franchir le Rubicon), il ne trouve rien de plus urgent que d'organiser de nouvelles noces, et épouser une fille du clan Scipion tout aussi jeune pour que la défunte Julia. Cela lui fut d'ailleurs beaucoup reproché. Il y a dans le choix de l'amour une volonté de reculer devant les responsabilités publiques, une volonté justement de ne pas franchir le Rubicon, qui déçoit toujours les amateurs de grands récits et de grandes fresques. Mais ceux-ci, eux-mêmes, le plus souvent ne prennent pas beaucoup de risques personnels et vivent leur vie par procuration. Pompée déçoit, comme Lucullus avec ses jardins et son platonisme. Mais leurs hésitations ou leurs retraites, sont souvent plus chargées de valeur éthique que les délires conquérants de César.

 

En minute 3'39 ci dessous, Pompée avec Cicéron dans l'affligeante série Rome. Ha ha ha, juste pour rire.

 

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Pourquoi je n'irai pas en Corée du Nord

17 Août 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Actualité de mes publications

Cet article de Ria Novosti ce soir m'a convaincu d'annuler mon projet de voyage en Corée du Nord et de livre sur ce pays (que les Editions du Cygne étaient pourtant prêtes à publier).

 

"La vie en Corée du Nord change peu à peu. Depuis l'arrivée au pouvoir du jeune dirigeant Kim Jong-un il y a deux ans, on constate en Corée du Nord plus de libertés, plus de voitures et moins de portraits. Il est encore trop tôt pour parler de "dégel", mais les changements au sein de la société sont flagrants.

Les Nord-coréens sourient désormais en voyant des étrangers, le dirigeant du pays a interdit d'utiliser ses portraits et a créé un groupe de musique pop moderne.

Vol à Pyongyang

diogenos.jpgLes vols de la compagnie nord-coréenne Air Koryo desservent Pyongyang uniquement en provenance de Pékin et de Vladivostok. Durant le vol, les mini-écrans à bord diffusent un concert : l'hymne, des marches militaires, des chansons patriotiques faisant l'éloge de la Corée du Nord et de ses dirigeants, ainsi que la musique classique. Toutefois, pendant le vol nous avons été surpris d'entendre en russe la chanson "L'espoir, ma boussole terrestre". " lire la suite ici

 

J'ai raté l'occasion pour le 60ème anniversaire de l'armistice, juste après la crise de mars, tandis que le pays était encore un peu lui-même. Tant pis.

 

De toute façon en ce moment, Hipparchia et Cratès sont la dernière aventure humaine qui puisse me faire un peu rêver...

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L'anti-impérialisme, au rythme de l'actualité

17 Août 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Jacques Vergès est mort. Comme pour Henri Alleg en juillet (cf ici) je m'abstiendrai d'écrire une rubrique sur lui, et ce d'autant plus que lui (à la différence d'Alleg), je ne l'avais jamais croisé nulle part. J'ai parfois admiré son audace, mais désapprouvé ses méthodes. Cela tient au fait que je considère le monde avec le regard du juge, et lui le faisait avec celui de l'avocat, ce qui est une facilité narcissique.

 

Les événements du Proche-Orient soufflent sur les anti-impérialistes un peu dans tous les sens. Ceux qui se sentaient une proximité avec les chiites libanais, syriens et iraniens ont pu se réjouir quand Assad a reconquis des positions à Homs. Ceux qui ont cru en Tariq Ramadan et étaient prêts à faire un bout de chemin avec les Frères musulmans sunnites doivent aujourd'hui supporter de voir les partisans de Morsi décimés en Egypte. Et les laïcistes européens, eux, toujours drapés dans un fantasme de pureté et de supériorité intellectuelle, courent toujours après cette société proche-orientale chimérique qu'ils voudraient peindre aux couleurs de leur propre pays... Quelqu'un dans un journal tunisien sur le Net accusait récemment récemment la gauche de la gauche tunisienne de vivre sur une autre planète, et, en jouant la carte maximaliste face à Ehnahda, de pousser tout droit le pays vers la dictature ou la guerre civile. Difficile d'évaluer jusqu'où le maximalisme peut être utile ou dangereux.

 

tony blair is a wanker 1206058457Sous George W. Bush dans les années 2000, le maximalisme anti-impérialiste était utile pour éradiquer l'esprit de croisade occidental. Mais devant des sociétés aussi divisées que celles du monde arabe, où faut-il placer le curseur de l'intransigeance ?

 

Je me posais aussi la question ce matin en regardant l'interview d'Inna Shevshenko sur Euronews. J'ai dit que les médias accordaient trop de place aux Femen il y a 6 mois.Ils créent le phénomène avant même qu'il n'existe, puis quand il a sa place dans la société, les médias peuvent hélas difficilement l'éviter. Shevshenko m'a paru plutôt modérée, apte à relativiser le rôle de son mouvement dans la société. Cela m'a surpris.

 

On trouvera peut-être mon dernier billet sur le blog de l'Atlas alternatif un peu trop favorable aux Frères musulmans égyptiens (même si je ne passe pas sous silence par exemple, les violences qu'ils font subir aux Coptes). C'est que, comme le dit Vijay Prashad (ex contributeurs de l'Atlas alternatif sur Facebook), on ne doit pas se résigner que les conflits politiques au Proche-Orient se règlent sur le mode de la boucherie. Pour la même raison j'ai jugé indéfendables les bombardements par Assad en Syrie et ai fini par faire la recension du livre de Pichinin, même si je reste hostile à toute aide occidentale à la rébellion syrienne. Ce n'est pas du ninisme : je pense juste qu'il ne faut pas être complice des boucheries. Dans l'affaire égyptienne c'est une position d'autant plus facile à tenir que les massacres sont perpétrés avec l'argent de l'Arabie saoudite et des Etats-Unis, autrement dit les grands chefs de l'ordre mondial que nous contestons. Il est amusant de voir d'ailleurs en ce moment le Qatar et la Turquie rejoindre le Venezuela dans la contestation de la répression égyptienne. Les amis d'un jour des chefs de l'ordre mondial peuvent devenir ses ennemis le lendemain. Mais bon, le Qatar, qui fut à la limite de déplaire à Bush en 2004, n'est quand même pas prêt de devenir un ennemi de Washington, ni Erdogan non plus. En politique, au niveau des Etats, il y a toujours place pour beaucoup de nuances.

 

A part ça, rien de spécial. J'attends la rentrée. Du crédit dont je jouirai à ce moment-là (par exemple celui que peut me conférer une publication dans le Diplo si elle m'est accordée) dépendra mon envie de m'engager sur des projets nouveaux (j'en ai trois ou quatre en tête en ce moment, mais reste prudent et circonspect).

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Egypte/Parti de Gauche : "meine Seele ist so rein"

17 Août 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Elle habite dans l'Hérault avec son fils, elle est quiquagénaire, célibataire, proche du Front de Gauche, peut-être militante d'une de ses partis. Hier soir sur Facebook elle a mentionné une "bonne prise de position du parti de gauche qui dénonce la sauvagerie de la répression mais aussi le double jeu des frères musulmans et le rôle des US et d'Israël ." (parce que c'est tellement mieux, n'est-ce pas, les prise de positions qui dénoncent tout le monde parce qu'on se sent tellement plus pur quand on a renvoyé tout le monde dos à dos, ça fait tellement de bien).

 

Alors y a son pote Lionel sur FB  qui se dit auteur-compositeur-interprète et qui en rajoute une louche en commentaire. "La confrérie des fréres musulmans est à l'origine du renouveau de l'intégrisme et du port du voile dans les pays Arabes....!!!! Ils refusent l'evolution et se sentent supérieur aux autres...!!!! Ce sont des terroristes de la libre pensée et du coeur....!!!! Eux qui se voyés gouverner tout les pays arabes...!!! :)"

 

Alors elle, la dame, opine : "difficile de dire pour un parti politique "Sissi a eu raison d'en descendre 500, il peut faire mieux." Ce qui est le plus remarquable dans la prise de position du Parti de gauche c'est que la critique d'Usraël est posée. Bien sûr que les FM sont fascistes. Et armés jusqu'aux dents!"

 

Bah oui. On peut quand même pas dire du bien d'Al-Sissi (même François Hollande l'a sermonné en convoquant son ambassadeur. Alors on fait un beau paquet cadeau : Al-Sissi-Israël-les USA c'est mal, et puis les Frérots c'est des fascistes "armés jusqu'aux dents" (je ne vois pas trop d'où elle tient l'info, mais bon), et nous le PG, laïque, lumineux et supérieur à tout le monde on peut continuer à distribuer généreusement notre sagesse révolutionnaire "citoyenne" sur les montagnes de cadavres.

 

Le Venezuela (qui, par ailleurs soutient Assad en Syrie, et donc n'a pas a priori de sympathie particulière pour les Frères musulmans, même s'il est vrai que ses amis iraniens récemment se sont rapprochés de la confrérie depuis que Washington l'a lâchée) est moins dans le "ninisme" que le PG sur ce coup-là. Personnellement je préfère la position de Caracas à celle du PG.

 

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"Quand les femmes vont tout va"

13 Août 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

poupéesQuestion d'un correspondant sur FB
 
- La féministe du Front de Gauche Fatima-Ezzahra Benomar a écrit "Justement, on démontre dans l'article qu'en améliorant les retraites et les carrières des femmes, en améliore la condition sociale des femmes ET des hommes."
 
 
Je n'ai pas d'avis là-dessus; mais est-ce crédible?
 
Ma réponse :
 
- J'ai tendance à penser que "toutes choses égales par ailleurs" comme on dit en économie -ceteris paribus sic stantibus- (mais ces choses sont elles égales ?) les progrès matériels des femmes bénéficient aux hommes à cause de la fonction maternelle : si une femme est moins battue, moins affamée, moin malade, ses enfants garçons (les hommes de la génération suivante) et filles se portent mieux.On peut aussi supposer que les progrès matériels (et éducatifs) des femmes soulagent les conjoints de certaines de leurs responsabilités (économiques notamment). Mais il y a un revers à ça : c'est quand la réussite matérielle de la femme crée un effet de rancœur ou de démission chez les hommes, ce qui est le cas en France aujourd'hui (démission de la fonction paternelle, sousinvestissement dans la réussite scolaire,les jeunes hommes sentant que le système scolaire et les institutions ne sont "plus faits pour eux" etc). En plus il y a le problème de la concurrence entre hommes et femmes sur certains postes (les postes de cadres notamment), qui font que dans certains domaines les progrès des femmes nuisent aux hommes.
 
 
 
  
 
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Suzanne Vega

9 Août 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

J'écoutais ce matin toutes sortes de chansons dynamiques qui permettent de faire remonter en soi de fortes d'émotions dans le plus pur style anglo-saxon : "Breathless" des Corrs, Shania Twain, les Cranberries, tant d'autres choses. Je me suis attardé sur le "No more words" de Berlin que j'ai écouté dans trois ou quatre versions différentes. Puis sur Pat Benatar "Love is a battlefield" et "We belong". Là encore je les ai écoutées sur You Tube en différentes version. J'ai découvert une Pat Benatar liftée en 2001 évoquant "We belong" comme la chanson qu'elle interpréta au début de sa première grossesse 17 ans plus tôt. Pat Benatar a toujours quelque chose d'un tantinet vulgaire dans l'expression de son visage, comme Madonna à ses débuts (maintenant Madonna n'a plus d'expression du tout), mais il y a toujours dans ses accents quelque chose de terriblement vrai et accrocheur.

 

Puis peut-être parce que mes hormones étaient épuisées, j'ai fini la matinée sur un live de "Luka" de 2012. 

 

 

 

 

Suzanne Vega (que je cite dans un ou deux de mes livres) est sans doute la plus délicate des interprètes (-compositrices) américaines. Elle ne module pas toujours parfaitement sa voix en concert, mais elle chante avec son regard. On le voit déjà dans son premier clip de "Luka" en 1987 quand, frêle jeune femme, elle a des regards baladeurs, fuyants, de ci de là.

 

Le 9 février dernier, elle parlait de sa carrière au Montalvo Arts Center à Saratoga (Californie). Elle était une vieille dame qui expliquait sa manière de travailler. Quand on en est à révéler les ficelles de ce qu'on fait, c'est qu'on déjà une archive vivante. Dommage. Mais c'est ainsi.

 

 

 

 

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