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Le blog de Frédéric Delorca

Articles récents

Du Yémen à Marseille

11 Septembre 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Revue de presse

Du Yémen à Marseille

Un bon article de René Naba sur la déconfiture au Yémen des émiratis encadrés par la France. Maxime Vivas, la sommité pro-cubaine de la mouvance anti-impérialiste porté aux nues par Xinhua.net. Onfray dans le Figaro critique la "pensée unique" sur la question de la crise estivale des migrants, la visite du président serbe au Vatican qui heureusement refuse toujours de reconnaître le Kosovo, les élus de gauche qui veulent créer un nouveau groupe anti-austérité à l'Assemblée nationale, les divisions à l'infini dans les groupes politiques (chez les Verts, au FN, au POI, au MDC), Piketty qui devient conseiller de Podemos en Espagne, l'invraisemblable (mais hélas cela devient habituel) subvention publique au porn art à Marseille et la façon bien malhonnête dont Libération et la Marseillaise crachent sur les critiques des "fachos" sans bien sûr montrer les œuvres aux lecteurs pour qu'ils puissent en juger. Voilà les news qui attirent mon regard en ce moment, outre celles que j'ai déjà traitées dans ce blog. Je ne commenterai pas davantage. Evitons juste de gerber en pensant à tous ces fiers éditorialistes de la presse nationale et régionale qui auront passé encore une bonne nuit sur le matelas de leurs trahisons, de leurs soutiens aux guerres d'ingérence, sur leur silence (ou parfois leurs mensonges élogieux) sur la compromission de nos gouvernants avec le Qatar, le révisionnisme japonais, l'occupation israélienne en Palestine, les multinationales, les flingueurs de l'Etat, le nationalisme ukrainien, l'autoritarisme sud-coréen, les latifundiaires latino-américains, l'oligarchie africaine. Bref nos fiers journalistes sans courage et sans âme. Aux grands hommes la patrie reconnaissante.

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Ce qui retient

11 Septembre 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Grundlegung zur Metaphysik

Ce qui retient

Dans le christianisme, il y a toujours quelque chose qui "retient", qui "retarde". Dans sa révélation aux enfants de La Salette la Vierge dit qu'elle "retient" le bras courroucé de son fils. Saint Paul avait parlé d'un Katechon qui retardait la venue de l'Antéchrist avant l'Apocalypse. Et, dans les visions de la mystique Sainte Anne-Catherine Emmerich qui semble avoir été autant en prise directe avec la vie des contemporains de Jésus que la voyante de Malraux avec celle d'Alexandre le Grand celle-ci raconte que la naissance de la Vierge Marie a été longtemps "retenue", "retardée" dans sa propre famille d'Esséniens qui l'attendaient depuis plusieurs générations comme calice qui porterait le Messie, par les péchés des hommes. On se demande quels péchés. Ceux du peuple élu trop complaisamment hellénisé ? Ou ceux de l'ensemble de l'humanité ? Si les Républicains romains avaient été moins hypocrites et moins vaniteux, les Ptolémée d'Egypte moins corrompus etc, la Vierge Marie et Jésus seraient-ils nés un siècle plus tôt ?

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Antisémitisme des nationalistes ukrainiens

10 Septembre 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous, #Peuples d'Europe et UE

Samedi dernier, profitant du Shabbat, des gros-bras de l'extrême droite ont démoli les tentes des pèlerins juifs hassidiques venus se recueillir comme tous les ans à Uman sur la tombe de Rabbi Nachman de Breslov.

Selon Eliezer Kirshboim, président de l'association juive de la ville, la police n'est pas intervenue. Le maire de la ville a été "nommé" par le parti bandériste Svoboda lors du coup d'Etat Euromaidan de 2014, et, à la veille des élections d'octobre, taper sur les Juifs est un bon moyen de gagner des voix dans la nouvelle Ukraine pro-européenne en ce moment.

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Syrie : pour sortir de la crise

7 Septembre 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Proche-Orient

Syrie : pour sortir de la crise

Le ministre des affaires étrangères espagnol vient d'admettre qu'il va falloir négocier avec Assad. Pourquoi M. Hollande ne l'admet-il pas lui aussi ? Nous ne sommes plus en 2011. Il faut être réaliste. Il n'y a pas eu de transition démocratique en Syrie. Il ne peut plus y en avoir tant que la moitié de la population est déplacée. Il faut restaurer l'Etat dans ce pays, voilà l'urgence, et composer avec les autorités légales du pays, c'est à dire le régime en place. Il faut monter une coalition avec la Russie contre Daech et forcer les pétromonarchies et la Turquie à abandonner cette secte.

La crise européenne des réfugiés doit aussi être réglée en concertation avec les gouvernements en place, en Afrique et en Asie. Donc en l'occurrence pour les réfugiés syriens avec Damas. Quant aux pays supposés les accueillir, bien sûr ceux qui ont une économie dynamique et des problèmes de dénatalité doivent être au premier rang pour les quotas d'accueil provisoire, c'est-à-dire en Europe prioritairement l'Allemagne. Le Pape est dans son rôle pour inciter les gens à se montrer hospitaliers, mais pas nos médias qui par se biais cherchent une fois de plus à noyer l'opinion publique sous un flot de sentimentalisme. Les solutions aux afflux de réfugiés sont politiques, elles appartiennent donc aux gouvernants sous le contrôle des citoyens, et pas aux initiatives individuelles de tout un chacun.

Il faut restaurer en Libye, en Syrie, en Irak des pouvoirs forts, quitte à encourager au sein de ces pouvoirs des clés de répartition communautaires dans lesquelles nul ne se sentirait (trop) lésé. Les clés de répartition nous conduiraient-elles à créer des non-gouvernements comme en Bosnie, rongée par les équilibres de pouvoir communautaires ingérables depuis 2015 ? Il faut voir au cas par cas. Mais le critère de force du pouvoir et de sa capacité à créer du consensus l'emporte sur tout le reste. Le gouvernement égyptien a eu la main un peu lourde mais y est parvenu. Assad peut le faire, quitte à laisser quelques postes à des islamistes "civilisés" comme Mugabe au Zimbabwe dans les années 2000 sous le patronage de l'Afrique du Sud céda quelques portefeuilles à l'opposition.

Et la démocratie ? Imposons la d'abord à l'Arabie Saoudite et au Qatar. Quand ces pays seront démocratiques et libérés des folies intégristes, on pourra songer à démocratiser la Syrie, l'Irak, la Libye. Pas avant.

Rime Darious, discours à Belgrade lors d'une manif le 6.9 (le texte du discours est sur Youtube)

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Les villes françaises dans un livre de Péguy

2 Septembre 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Grundlegung zur Metaphysik, #1910 à 1935 - Auteurs et personnalités, #Philosophie et philosophes

Les villes françaises dans un livre de Péguy

Je ne prétends pas connaître ni comprendre Charles Péguy, grand écrivain socialiste révolutionnaire et chrétien du siècle dernier. J'ai juste l'image d'un normalien austère, monacal, respecté, qui fut un peu une sorte de Surmoi de Jaurès, comme Bernard de Clairvaux le fut de Suger 800 ans plus tôt. J'ai bien des livres sur lui qui trainent dans ma bibliothèques, mais que je n'ai pas eu la force de lire.

Alors c'est un peu "vierge" que j'ouvre au hasard, comme je le fais si souvent avec tous mes ouvrages, un de ses livres, "Le Mystère de la Charité de Jeanne d'Arc".

Je tombe sur ces passages de la complainte de la bergère Jeanne (qui pour moi évoque la bergère Bernadette Soubirous à Lourdes), lorsqu'elle dit que Bethléem seule rayonne encore sur cette terre, quand toutes les villes de France sont enterrées. C'est un très beau passage sur les promesses divines devenues lettres mortes. On pense à ce que disent les occultistes sur la lettre vouée à rester morte, à devenir pierre (comme l'Eglise de Saint Pierre - "tu es petrus") tandis que seul l'Esprit (fait d'eau) la peut vivifier. C'est une méditation mélancolique sur le "ne plus". Elle passe en revue les grands foyers de spiritualité français : Chartres, Paris, Orléans, Reims, Rouen, Nancy (même si Nancy est beaucoup moins française que les autres, elle fait partie de la "Krajina" française), avec leurs saints attitrés. Bizarrement elle les traite un peu comme des machines industrielles à produire des saints, ce qui me semble être une erreur psychologique et littéraire : le divin n'aurait pas parlé à une bergère qui raisonne de la sorte. Mais l'évocation a le mérite de condenser le "vortex" ou le réseau de vortex spirituels qui composait la Francie historique.

On commet beaucoup de fautes de goûts. Quand on présente Jeanne d'Arc en combattante en armure plutôt qu'en bergère, on manque le sublime chrétien bien vu par Chateaubriand : que les saints faiseurs de miracles et les briseurs de sceptres restent des va-nu-pieds, et tirent précisément leur pouvoir de cela. L'armure n'est qu'un gadget. Pensez à Ste Agnès qui n'avait pas besoin d'armures et à tant d'autres. Et je commets moi-même une faute de goût en parlant des saints français comme de "vortex", c'est-à-dire en empruntant le vocabulaire très "Disneyland" du new age internautique, mais c'est simplement pour rappeler que ce qui se réalise dans l'ordre spirituel n'est pas spatial : les forces (je ne parle pas d' énergies) se condensent dans un seul lieu qui est en même temps un non-lieu, et ce n'est pas la question de savoir "Le Vatican combien de divisions".

Péguy recense les "vortex" sur le mode du "ne plus", du message caduc, un peu comme tous les Français aujourd'hui peuvent saisir la France comme une réalité obsolète, quelque chose qui n'a plus rien à dire au monde, un sanctuaire aux oracles muets, comme ceux du paganisme finissant.

La Jeanne de Péguy a la forme d'un immense "pourquoi ?". Pourquoi y a-t-il eu un Saint Martin à Tours, un Saint Aignan à Orléans, un Saint Ouen à Rouen, une Sainte Geneviève à Paris, un Saint Nicolas à Nancy si c'est pour que tout cela meure ? Pourquoi ces cathédrales qu'aujourd'hui nos architectes seraient bien incapables de bâtir et qu'ils savent à peine restaurer ?

Je ne suis pas nationaliste et ne pense donc pas que la France "dans l'absolu" vaille mieux et renferme un meilleur héritage que d'autres pays. Elle a juste été choisie historiquement pour sauver certains héritages grandioses (sur le plan spirituel) et les faire fructifier. Quand je parle de la France, je signifie cette alliance entre Loire et Somme entre gallo-romains et Francs qui va du VIe siècle au XIVème, alliance sans laquelle probablement ni les gallo-romains seuls ni les Francs de leur côté ne seraient arrivés à rien. En tant que demi-espagnol, je suis sensible par exemple au rayonnement de Saint Jacques en Galice, ou à celui de Saint Vincent à Saragosse (il faut lire Grégoire de Tours pour voir ce que les habitants de cette ville doivent à l'aura de ses reliques). Mais force est de constater que le mot "France fille ainée de l'Eglise" ne fut pas un vain mot pendant la séquence de huit siècles que j'évoque ici, quand elle produisit les Clovis, Charlemagne et les premiers capétiens, et dont Napoléon et De Gaulle furent les héritiers.

On me pose des questions en ce moment sur la vocation "spirituelle" de la France face à des pays comme l'Allemagne. Les catholiques français ont beaucoup réfléchi sur l'abandon de la Germanie du Nord à l'hérésie luthérienne, ses liens avec les médiums, les convulsionnaires (donc le diable) jusque sous la plume de Hegel, de Nietzsche, sa fascination pour l'Islam, pour le zoroastrisme, ses alliances japonaises, les répercussions de tout cela dans le nazisme (et peut-être dans l'imaginaire américain qui doit au protestantisme et à la Prusse). Moi qui ai beaucoup lu et aimé les philosophes allemands, et qui suis le contraire aussi bien d'un doctrinaire que d'un chauvin, je n'ai aucun début de réponse à ces questions, et ne me presse pas d'en avoir.

J'apprécie seulement que Péguy, à travers Jeanne, interroge ce "réseau de vortex" français sur le mode d'un possible "ne plus"(et pourtant Péguy le fait peu après Lourdes, peu après La Salette et la rue du Bac... "Et vous flèche de Chartres et tombeaux de Saint-Denis, saintetés du royaume de France, vous n'êtes rien".

Je me rends compte que nos médiums New Age, avec leur doctrine qui cherche des "vortex" hérités du paganisme dans des cathédrales seraient bien incapables de prononcer des mots aussi tragiques, car dans leurs pseudo-sciences physiques "énergétiques" façon théosophie orientale, il y a toujours des "énergies" à récupérer quelque part, rien ne se perd jamais, le tragique de l'Histoire, est complètement évacué (et donc la problématique poignante de la rédemption aussi, puisqu'on n'est jamais que dans de la gestion placide et bourgeoise des forces de l'au-delà). Péguy, lui, est dans la tragique, quand il montre Jeanne d'Arc indignée par le fait que les soldats "font manger l'avoine à leurs chevaux sur l'autel vénérable" et "boivent dans les très saints calices le vin qui les soûle" (p.39) elle nous plonge dans cette scène du Fantôme de la Liberté de Bunuel où les soldats athées de Napoléon en Espagne dans les églises se nourrissent avec les hosties et boivent le vin de messe dans des calices. Il campe la déchéance de l'absolu, sans laquelle "l'épistrophe" (le retour à l'unité de l'être) pour parler comme les néo-platonicien manquerait de sa dimension sublime. Mais faut-il parler le langage du néo-platonisme que Chateaubriand lie au socialisme ou aux hérésies (voyez mon billet* ici) et dans lequel Barrès voyait la matrice du mépris pour le peuple à l'œuvre aussi bien dans la secte des Assassins (hashashim) ancêtre au Proche-Orient de l'actuel Etats Islamique que dans le nietzschéisme ? Le socialisme de Péguy était peut-être anti-platonicien, mais je ne connais pas assez bien ce sujet pour pouvoir me prononcer là-dessus.

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* Billet qui renvoie à un passage des Mémoires d'Outre tombe, dont il faut aussi lire cette suite car elle nous servira pour l'avenir :

"Il était impossible que les vérités développées dans le Génie du Christianisme ne contribuassent pas au changement des idées. C’est encore à cet ouvrage que se rattache le goût actuel pour les édifices du moyen âge : c’est moi qui ai rappelé le jeune siècle à l’admiration des vieux temples. Si l’on a abusé de mon opinion ; s’il n’est pas vrai que nos cathédrales aient approché de la beauté du Parthénon ; s’il est faux que ces églises nous apprennent dans leurs documents de pierre des faits ignorés ; s’il est insensé de soutenir que ces mémoires de granit nous révèlent des choses échappées aux savants Bénédictins ; si à force d’entendre rabâcher du gothique on en meurt d’ennui, ce n’est pas ma faute. Du reste, sous le rapport des arts, je sais ce qui manque au Génie du Christianisme ; cette partie de ma composition est défectueuse, parce qu’en 1800 je ne connaissais pas les arts : je n’avais vu ni l’Italie, ni la Grèce, ni l’Égypte. De même, je n’ai pas tiré un parti suffisant des vies des saints et des légendes ; elles m’offraient pourtant des histoires merveilleuses : en y choisissant avec goût, on y pouvait faire une moisson abondante. Ce champ des richesses de l’imagination du moyen âge surpasse en fécondité les Métamorphoses d’Ovide et les fables milésiennes. Il y a, de plus, dans mon ouvrage des jugements étriqués ou faux, tels que celui que je porte sur Dante, auquel j’ai rendu depuis un éclatant hommage."

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