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Syrie, débat dans Fakir, système scolaire
M. Laurent Fabius, comme M. Alain Juppé avant lui, est la honte de l'ENA et de Normale Sup. Alors que les Russes proposent une sortie de crise (la mise sous tutelle de l'arsenal chimique syrien), la France s'acharne à vouloir faire passer une résolution sous le chapitre VII de la charte de l'ONU, c'est à dire de la condamnation du régime syrien et l'autorisation de l'usage de la force contre lui. Cet acharnement à vouloir la guerre - une guerre que, comme l'a souligné l'ex-ambassadeur Pierre Charasse - nous serions bien incapables de mener rationnellement, est le dernier degré de la bêtise. Jamais nous n'avons eu une classe politique aussi imbécile. Il y a peu sur la chaîne de télévision LCP, la réflexiondu président socialiste du Sénat se limitait à : "tous ces gens gazés à l'arme chimique c'est horrible". Et dire que cet homme, aux termes de la constitution, remplacerait par intérim M. Hollande en cas d'empêchement.... Quelle honte pour les puissances européennes que de tomber aussi bas ! (L'Allemagne avec ses doutes sur la guerre est encore la plus raisonnable d'ailleurs).
On ne sait toujours pas ce qui se cache derrière cette affaire d'armes chimiques. Sont-elles des armes saoudiennes qui auraient été utilisées par les rebelles contre des otages capturés à Lattaquié comme le prétendent certains, ou des armes gouvernementales utilisées "sans l'aval de Bachar el Assad" comme l'indique Bild sur la base des rapports des services de renseignement allemands (qui ont un lien privilégié avec ceux de Syrie désormais disait le site Esprit corsaire il y a peu) ? Tout cela semble contradictoire. Le gouvernement syrien serait tout de même bien bon de remettre son arsenal à la Russie quand on songe que cet arsenal, comme celui de l'Egypte serait censé équilibrer (un peu) la terreur que fait planer au Proche-Orient la présence de l'arme atomique israélienne. L'Iran (quoi qu'on pense de son régime) a une position juste lorsqu'elle dit qu'il faut supprimer toutes les armes de destructions massive en Syrie (y compris celle des rebelles) et dans l'ensemble du Proche Orient. Nos technocrates sont moins raisonnables que les mollahs sur ce point-là.
Un ami attire mon attention sur une polémique autour de Fakir et de Chouard (cf ici). François Ruffin a raison sur Chouard, un peu tort sur BRN. Les "antifas" ont un peu raison sur divers sujets (mais ils ne savent sans doute pas jusqu'à quel point). En vérité il faudrait avoir un savoir encyclopédique pour connaître en détail la Weltanschauung de tous ces protagonistes, et leur évolution (il se trouve que j'ai partagé quelques expériences avec tous ces gens, donc j'en sais un peu plus que certains polémiste, et assez pour savoir aussi à quel point toutes ces questions sont compliquées). Je reproche à Bricmont dans ses dernières interventions d'avoir trop proclamé (comme il le fait depuis 10 ans), qu'il n'y a pas de danger nationaliste en Europe (ah bon ? quid des tensions hungaro-roumaines par exemple ?), ni de tentation fasciste en France... Mais bon pour tout dire tous ces débats ne me passionnent guère. J'ai déjà tellement décrit en long en large et en travers ma position sur la question du rouge-brunisme. Tout est dit.
Je peine à trouver le temps d'écrire un compte rendu de lecture sur Helen Fisher. J'en ferai un aussi à l'occasion sur le livre d'un écologiste communiste. Hélas les journées n'ont que 24 heures.
Une jeune instit de CE1 en banlieue parisienne me décrivait ainsi sa rentrée avant-hier : "Ce que je fais ne sert à rien, juste du flicage à longueur de journée : il y a celui qui tire les cheveux de sa voisine sans raison, celle qui piqu eles affaires des autres, ça multiplié par 29. Leurs parents ne les éduquent pas. Ils ne savent pas que ne pas répondre à un adulte ça veut dire ne pas répondre du tout et pas seulement s'abstenir de les insulter. Plus de la moitié ont des parents séparés. Un père - séparé - m'engueule parce que je leur fais mettre des petits coeurs dans leur cahier de texte.Mais que son fils soit très grossier en classe ne le dérange pas. Je demande à tous les enfants d'avoir deux cahiers et des stylos. Ca fait 30 euros au total. Les parents ne les achètent pas. Pourtant ils reçoivent une allocation de rentrée scolaire de 300 euros, et les gens qui habitent les HLM à côté de chez moi ont des TV à écran plat. Le niveau est bas. J'ai des petites érythréennes qui ne parlent pas un mot de français. Une enfant qui ne reconnaît pas un enfant ou un vélo dans un livre d'images. Je n'arrive à faire passer aucun savoir. Et l'inspecteur nous dit qu'on est une école privilégiée ! Au secours ! Je veux sortir de cette prison !"
Ca débande
Ca débande sec dans le camp des pro-ingérence après la rébellion du Parlement anglais. Obama consulte le Congrès et ridiculise Hollande. En France au Parlement trois grands partis (UMP, UDI et PCF, et je ne parle pas de DLR, du Modem, du PG, du FN et du MRC) se déclarent contre la guerre, excusez du peu. Chevènement commet l'erreur de réduire la guerre civile syrienne à une guerre de religion, mais a la bonne idée de rappeler pourquoi la Syrie (comme l'Egypte) n'a pas signé la convention d'interdiction des armes chimiques et d'appeler M. Fabius à sortir de l'occidentalisme, et M. Poutine peut jouer les porte-parole de la modération humaine en avançant sur un ton mesuré des exposés pleins de bon sens devant les caméras russes.
Un vote favorable à la guerre du Congrés étatsunien rechargerait peut-être les batteries des bellicistes, mais il reste encore quelque espoir que l'aventure fasse reculer les chefs de la machine de guerre, ou qu'elle se réduise à la rigueur à quelques tirs de pétards mouillés.
J'avoue que je ne m'attendais pas à cette valse hésitation. Il faut croire que les vociférations du journal Le Monde ne font plus la pluie et le beau temps sous nos latitudes.
Dans mon milieu professionnel, il s'est quand même trouvé un con avant hier pour affirmer devant moi avec des airs pédants que "certes ce n'était pas une bonne idée de faire la guerre en Syrie, mais que le principe des guerres sans l'aval de l'ONU pouvait avoir du bon, car il avait fait ses preuves contre le 'génocide des kosovars' en 1999". J'ai peiné à lui expliquer qu'il n'y avait pas eu de plan génocidaire au Kosovo à l'époque. L'intoxication (cette grande Intoxication qui fut fondatrice de tout l'esprit de croisade des années 2000) est allée si loin et a si bien envahi tous les cerveaux...
A part ça Delorca comme activiste politique est moribond, mais il restera une trace de lui comme témoin de son temps. En effet, "12 ans chez les résistants - 1999-2011" en ce moment relégué dans les tiroirs d'Edilivres (et donc privé de fait d'une réelle diffusion), va être coupé en deux, remanié, et publié par les Editions du Cygne sous forme d'un livre anniversaire (pour sa première moitié, consacrée à la Serbie) à l'occasion des 15 ans du bombardement de la République fédérale de Yougoslavie en mars 2014, et d'un second livre sur les guerres impériales en 2015. Ainsi tous mes bébés intellectuels seront enfin placés.
Petite rentrée
103 likages de mon dernier article sur la Syrie sur le blog de l'Atlas alternatif, grâce à l'activisme d'une amie - ah ! si tous mes lecteurs étaient aussi dévoués qu'elle ! Une interview - sur mes travaux de sociologue - par la radio télévision suisse lundi.
A part ça, c'est le désert des Tartares, une très petite rentrée. La plupart de mes contacts se sont volatilisés pendant l'été. Je vais devoir battre le rappel auprès de certains, comme le Monde Diplo (ce qui ne me plait pas, j'ai l'impression de quémander). Un pote me propose une intervention à Notre Dame des Landes mais pour jouer les moutons dans le repaire des loups en allant combattre la théorie du genre chez ceux qui la défendent, pas glop pas glop. Bref...
Rentrée minuscule, rentrée en pointillés. De toute façon aucune envie de jouer les pédagogues. "Plutôt bouffon que grand maître" comme disait Nietzsche, et le refus des éditeurs de publier mon témoignage historique "15 ans chez les résistants", n'est, à la réflexion, pas absurde. Je gratte les fonds de tiroirs de mes projets : une livre sur tel pays, ou tel autre ? C'est tentant, ça ne l'est pas. A quoi bon ? de toute façon. Tout m'est un, comme dirait Montaigne.
J'ai retrouvé un mail que je n'avais pas lu de la bande à la Taddeï (la Newsring) de mars dernier m'invitant à entrer "en tant que sociologue", dans leur débat sur le thème "quelle a été la meilleure première dame ?". Où donc ont-ils trouvé des indices selon lesquels je serais compétent pour parler de ça ? Mieux vaut manquer ce genre d'invitation.
Je pourrais m'atteler à des tas de projets de bouquins : un sur la philo sur lequel j'ai gratté quelques pages au cours des derniers mois, un sur les femmes amoureuses (Hipparchia, Julia la fille de César, Cléopâtre, George Sand) - juste pour reprendre à rebrousse-poil la mode de notre époque, qui leur est très hostile. Mais se contenter de tenir à jour mes blogs est peut-être, à tout prendre, la meilleure et unique chose à faire.
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PS : j'ai mouliné dans le vide au printemps pour intéresser des journalistes au "Davos de l'armement" prévu en Béarn à la Rentrée. La gauche béarnaise d'elle-même a prévu une parade, commentée par l'inévitable Jean Ortiz, le gars qui ne sait pas qu'on dit "trublion" et non "troublion" (voir ici).
Où sont les chevènementistes ?
Nous sommes le 30 août à la veille du bombardement de la Syrie par une coalition américano-française (heureusement pour les Britanniques ceux-ci ont encore un zeste de démocratie dans leur système politique).
Deux forces à gauche seulement (compte tenu du système présidentiel, et si j'exclus les groupuscules) peuvent s'opposer à la honte qu'inflige M. Hollande à notre pays sur ce dossier : le Front de Gauche et les chevènementistes. JL Mélenchon a pris ses responsabilités et a condamné (en des termes moyennement justes mais tout de même forts) l'agression qui se prépare. Que font les chevènementistes ? Avez-vous entendu une déclaration dans leur bouche ? Les blogs de JP Chevènement et MF Bechtel sont muets depuis le mois de juillet. Est-ce normal à la veille d'une telle échéance ?
Sociologie
Jamila montre ses photos, son enfance de ZUP en ZUP, Bordeaux, le Creusot, Autun. Toujours entourée de Maghrébins, ne serait-ce que sa très pesante famille (ses nombreux frères et soeurs). Sur un de ses clichés, on la voit à cinq ans en salle de classe avec un blondinet, son premier amoureux. Jamila en rupture avec son milieu d'origine, séduite par quelques petits bons élèves "souchiens" des classes où elle évoluait. Elle même entravée dans son ascension sociale par la nécessité de s'occuper des petits frères des petites soeurs, de leurs problèmes multiples... A 35 ans, mère rangée, presque bourgeoise, elle veut se donner une seconde chance, découvre l'ars erotica dans des cafés parisiens avec un amant breton, elle qui aurait pu finir voilée comme certaines de ses soeurs (et cela s'est joué à peu). Rien n'est simple pour elle, et tout est hautement respectable. Elle m'explique dans l'école de sa ville de banlieue de nombreuses jeunes instits font l'amour avec leurs mecs dans leur salle de classe à la tombée du soir... Tiens donc...
Je repense à la fille ivoirienne dont j'avais parlé dans ces pages il y a quelques années, qui n'avait jamais rêvé que de coucher avec des blancs et qui en avait épousé un. A cette phrase fétiche des Indigènes de la République qu'ils ont piquée à Spivak je crois (recherchez tout ça dans mon blog, je ne fais que ressasser des thèmes que je développais déjà lorsque j'étais à Brossevile) : l'imaginaire colonial c'est vouloir soustraire une femme de couleur à des hommes de couleur.
Elles font quoi ces filles en rupture avec leur milieu d'origine ? Elles trahissent leur famille ou elles s'élèvent à l'universel ? Qu'ai-je fait moi en quittant le Béarn et la classe ouvrière. Béarn aux monuments blanchi qui s'est trahi lui-même en se faisant bobo, hispanisant et cliché pour touristes, comme Paris, comme tout ce monde "mondialisé".
Mardi soir il y avait une fanfare de marins devant la mairie d'un arrondissement UMP de la capitale pour l'anniversaire de la Libération. Bien que ne connaissant personne, je me suis hissé jusqu'au premier étage et j'ai bu deux coupes de champagnes au milieu des amiraux honoraires courbés sur leur canne, tous toujours aussi grossièrement ardents à l'heure de se jeter sur le buffet. Il faut croire que l'idée de retrouver des miettes du vieux Paris réac, celui de Chirac et Tibéri m'intriguait.
Non au bombardement de la Syrie
Voilà longtemps que les interventionnistes criminels Sarkzoy, Juppé, Fabius et Hollande, alliés à Cameron, Kerry,Mc Cain, Rice, Obama etc veulent intervenir militairement en Syrie. Aujourd'hui ils ont trouvé un prétexte pour le faire.
En tant qu'humble citoyen qui suit les questions internaionales depuis 15 ans, j'appelle, comme en 1999 lors de l'attaque contre la République fédérale de Yougoslavie, comme en 2002, à la veille de l'invasion de l'Irak, et comme en 2011 lors de la guerre en Libye, les forces de gauche à se mobiliser résolument contre le projet de bombardement contre la Syrie. Que les syndicats, les partis politiques, le monde associatif se mobilisent non pas du bout des lèvres comme ils ont parfois tendance à le faire, mais ardemment contre cette action impériale. J'irai marcher dans toute manifestation que cette mouvance organisera.
Peu importe que les Occidentaux planifient des "frappes limitées" ou une invasion complète du pays. Le monde que nous voulons n'est pas celui des coalitions armées qui donnent des leçons et imposent leur ordre. Honte au gouvernement socialiste (mais venant de ce cher François Hollande ce n'est pas du tout surprenant) qui nous entraîne, une fois de plus, dans cet engrenage !
Le passé devenu ridicule
Quand en 1968 Romain Gary au milieu des événements de mai et de leur ivresse spécifique (cf "Chien blanc") dans le Quartier latin, prend une bombe aérosol et écrit sur un mur des slogans de sa jeunesse des années 30 du genre "Libérez Teruel", il le fait sans état d'âme, sans honte. Aujourd'hui j'éprouve une gêne à témoigner des rêves et des réalités des années 1970 ou 80, comme si l'écoulement du temps avait rendu le passé ridicule. Pourquoi ? A cause de l'absolutisme du présent, de la dictature totalitaire de l'actualité ?